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Lobbying : le plus sûr chemin pour passer de l’idée aux actes

15 janvier 2015

Selon une étude publiée le 21 octobre dernier par l’association Transparency international, la France est le mauvais élève du lobbying (un tout petit 2,7 sur 10). Pour deux raisons : le manque de transparence des actions d’influence et le manque de traçabilité de la décision publique. Deuxième raison que les internautes commentateurs de l’article paru à ce sujet n’ont pas pris le temps de lire, empressés qu’ils étaient de condamner toute forme de lobbying. Pour ces lecteurs hâtifs, le mauvais classement de la France résulte de ce que le lobbying, nécessairement une mauvaise chose, se pratique en cachette…

L’erreur française : l’économie est un jeu à somme nulle

La lecture négative du lobbying en France vient probablement de la conviction française que l’économie est un jeu à somme nulle : « ce qui enrichit mon voisin va nécessairement m’appauvrir, je dois donc lutter contre ». Ce sentiment découle d’une approche tronquée de l’économie qui veut que la richesse produite soit constante et que le seul enjeu soit son partage. C’est cette approche qui, par exemple, a présidé au projet des 35 heures. Le travail étant limité, il fallait le partager mieux, en laissant de côté la tâche, plus difficile mais plus utile, d’en augmenter le volume. Ainsi le lobby, qui tente de tirer son bénéfice d’une réforme, est nécessairement vu comme une source de perte pour tous les autres, qui partent alors au combat. La France serait-elle un pays si triste qu’il faille réduire le nombre de gens heureux pour réduire en proportion celui des malheureux ?

Qui se passe du lobbying risque l’incompétence

Dans notre économie se côtoient différents profils d’acteurs : les experts, les polyvalents et les généralistes. Les premiers savent faire une chose très bien, les seconds savent tout faire, les troisièmes à peu près rien. Les experts, et plus encore les polyvalents, sont des populations rares qui ne suffisent pas à la tâche et il faut donc bien trouver un rôle aux généralistes. On en fait des managers dans l’entreprise et des hommes politiques dans la cité. Et le talent d’un manager est, entre autres, de bien savoir s’entourer de collaborateurs comme de conseils.

Il est donc essentiel pour un homme politique de rencontrer et écouter toutes les parties prenantes ou impactées par un projet de réforme. En d’autres termes, il lui faut recevoir la représentation de tous les intérêts en jeu – au premier rang desquels les lobbys – très tôt dans le projet et non a posteriori quand, à l’évidence, la réforme se révèle bancale. Car le politique est alors piégé dans une alternative : reconnaître son erreur et donner le sentiment de plier sous la pression des lobbys ou s’entêter dans ce que les générations suivantes appelleront peut-être des « lois toxiques », en soignant la posture du dernier rempart contre les lobbys, celle de héraut des progrès majeurs ou de défenseur de la veuve et de l’orphelin. Dans le second cas, il mettra en oeuvre une réforme qui ratera son objectif et en fera porter les conséquences aux forces vives de la nation, à la veuve et l’orphelin de surcroit.

Thierry Mandon, Secrétaire d’Etat à la Réforme de l’Etat et à la Simplification, ne dit pas autre chose dans une entrevue des Echos le 29 octobre dernier : « il y a […] des améliorations à apporter dans le processus de fabrication des lois nouvelles, une meilleure intégration dans ce processus des acteurs concernés par ces textes, notamment lorsqu’elles s’inscrivent dans le champ économique, afin qu’elles ne pénalisent pas les entreprises, puisque c’est le contraire que nous voulons, et qu’elles puissent s’appliquer. »

Plus on est de lobbys, plus on vise juste

La sanctuarisation de la décision publique comporte donc plus de risques que de bénéfices. L’Empereur Fréderic II de Hohenstaufen avait voulu protéger quelques nourrissons de toute « influence linguistique » pour découvrir la langue universelle. En dehors de toute influence (comprenez tout lobby voulant promouvoir telle ou telle langue), ces nourrissons étaient censés développer la langue universelle. En ce XIIIe siècle on voulait départager le grec et le latin. Un peu comme certains veulent sanctuariser la décision publique pour que survienne spontanément la seule et bonne décision. Les nourrissons sont tous morts de carences affectives. Et nous avons en France des exemples de sanctuarisation de la décision publique, tel le compte de prévention de la pénibilité où les paramètres économiques sont jugés subalternes et leur prise en compte négligée face à l’enjeu social que représente cette réforme. Pourquoi pas… Mais quel sera le résultat en terme d’équité sociale, précisément ?

C’est là que la non-polyvalence d’un homme politique devient un handicap s’il ne prend pas conseil, ni n’écoute, voir ne sollicite tous les intérêts en jeu représentés par les lobbys. Car multiplier les conseils permet aux arguments des uns de devenir le traitement des objections des autres, augmente la maîtrise d’un sujet et facilite la conservation de la décision à l’homme politique, arbitre garant du résultat final. Recevoir le maximum de lobbys, c’est pour un politique gagner en pertinence et, paradoxalement, en liberté.

Qu’importe l’idée, pourvu qu’on ait la mise en oeuvre…

La France aime les idées et l’homme politique se prête au jeu, rivalisant d’idées qu’on transforme en toute hâte en lois, décrets et instructions, souvent sans prendre le temps de l’analyse et de la consultation. L’homme politique, comme tout français, croit en la force de l’idée mais ne s’abaisse pas à la mettre en pratique et autres tâches logistiques jugées chronophages et peu valorisantes. Or une idée n’a aucune valeur aussi longtemps qu’elle n’est pas mise en oeuvre. Et non rares sont les idées qui, en France, ont débouché sur des « usines à gaz » provoquant des dérives et des passe-droits, éloignant davantage la France des objectifs d’équité, de productivité ou d’emploi initialement attribués à l’idée. Il existe même de véritables cas d’école. La réforme des rythmes scolaires a abouti au résultat contraire de celui visé : la consolidation en une seule demi-journée hebdomadaire des allègements quotidiens censés équilibrer la journée des jeunes élèves vient ajouter au déséquilibre. Le même mécanisme dans la tentative de simplification du bulletin de paie en 2005 avait conduit à la même aberration : une circulaire d’application prévoyait que chaque « regroupement des diverses cotisations et contributions, par assiette et par collecteur », destiné à « simplifier la présentation du bulletin de paie », devait faire l’objet d’une description détaillée additionnelle, soit sur le bulletin de paie lui-même soit sur un 13ème document devant s’ajouter aux 12 bulletins de paie mensuels. Et ce afin que le salarié dispose, comme avant la réforme, d’une information toute aussi détaillée parce qu’elle s’était révélée utile et nécessaire à la défense de ses droits, ce que le projet initial de simplification avait oublié. Comment peut-on prétendre mener une quelconque réforme quand on est capable de telles aberrations, parce qu’on porte aussi peu d’intérêt à la mise en oeuvre, parce qu’on a succombé, submergé par la complexité de celle-ci, à la facilité du « Y a qu’à, faut qu’on » ?

En se souciant si peu de la mise en oeuvre, c’est au résultat de la réforme que l’homme politique accorde peu d’intérêt.

Le lobbying vu par SDDS

Il existe une approche vertueuse ou « gagnant-gagnant », selon l’expression anglo-saxonne en usage, de la communication d’influence, approche dont SDDS fait son objectif et qui gouverne son fonctionnement. Elle est basée sur la défense d’une chaîne de valeur dans son entier et en particulier sa finalité ou maillon final, le consommateur ou entreprise utilisatrice. Les acteurs des logiciels applicatifs, c’est-à-dire la partie visible d’un système d’information, celle qu’utilise quotidiennement l’utilisateur ou le consommateur (et qui génère des dizaines de milliers d’appels par jour dans les centres d’assistances des éditeurs), ont un point de vue global sur la chaîne de valeur. Cela les oblige à un certain pragmatisme mais les met, en même temps, en position de proposer des évolutions cohérentes et bénéfiques à toute la chaîne. Les adhérents de SDDS sont dans leur totalité des éditeurs et opérateurs de logiciels applicatifs.

Par ailleurs, cette approche se concentre sur le travail de mise en oeuvre pour rendre une réforme opérable et efficace, quitte à atténuer la théâtralisation politique de l’idée mais sans jamais la trahir pour autant. C’est dans les études d’impact d’une réforme, sa faisabilité opérationnelle puis son évaluation post application, que SDDS va chercher ses convictions et les « objective ».

Enfin, « ce qui enrichit mon voisin m’appauvrit nécessairement ou ce qui enrichit mon client se fait à mon détriment » n’est pas l’analyse que nous faisons chez SDDS à propos de nos clients, les entreprises utilisatrices de nos logiciels. Ce qui permet le développement de nos clients et leur enrichissement aura, tôt ou tard, un impact positif pour nous qui devrons les accompagner dans leur croissance. Cette façon d’envisager une relation où, à court terme, l’un veut vendre plus et l’autre acheter moins, sous-entend une vision de moyen à long terme où les intérêts convergent. C’est pourquoi les positions de SDDS prennent souvent le parti de ses clients, les entreprises utilisatrices des logiciels.

SDDS intervient dans les domaines très réglementés de la gestion de l’entreprise comme la paie et les ressources humaines. Et si notre Association pense avoir adopté la bonne démarche de communication d’influence, elle n’est pas fermée à toute influence nouvelle ou autre…